Exposition collective, Église du Gesù, L'écho d'une blessure, 2024-2028
Le diptyque représente un double versant de la blessure.
D’une part, il y a les symptômes de compensation qui proviennent d’une douleur originaire, un traumatisme intergénérationnel, un événement à oublier. Ici, le cheval affligé d’un tord-nez se détache sur un trompe-l’œil rappelant ceux dont sont ornés les murs du Gesù. Le tord-nez dévie l’attention portée par le cheval à l’endroit d’une blessure, il l’amène vers autre chose, vers une sensation qui détourne de sa douleur l’être souffrant. Par le rapport entre la bête et son maître, le premier volet du diptyque illustre aussi la vulnérabilité, la soumission, voire la résignation.
D’autre part, le second volet du diptyque aborde la guérison. Par ses personnages et leur signification, il est plus complexe (comme l’est d’ailleurs la guérison face à la blessure). La guérison est associée aux humanités, à la culture, qui permettent de rentrer en contact avec les autres et de se comprendre, pour tracer la voie vers cette guérison. Inspirée de la tradition intellectuelle, j’associe la culture à la lumière, tenue par mon grand-père en avant-plan. Mes parents ont tous deux étudié au Collège Sainte-Marie. Les Jésuites qui l’ont fondé appuient leur enseignement sur les humanités, la disputatio et le théâtre, héritage que m’ont transmis mes parents. Une figure qui m’est importante et qui a étudié au Collège est celle de Josée Yvon, romancière, dramaturge, poète féministe. Elle incarne une libération de ma honte, une acceptation et un accueil de mes frasques, de mes compensations. Enfin, ces personnages se retrouvent sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, l’endroit où j’ai compris, dans une véritable illumination, l’importance des arts et de la culture pour apaiser les afflictions, mais aussi pour les nommer et les publiciser en vue de s’attaquer à leur cause.