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Merci au Conseil des arts du Canada pour son soutien  

Domaines de la Volonté
Galerie Popop 22 mai au 11 juin 2023

(English below) L’exploration picturale de Syrine Daigneault répond à un besoin de compréhension de ses représentations et de son expérience vécue. Avec Domaines de la Volonté, la plus récente exposition de l’artiste, l’acte de peindre lui permet de matérialiser ses réflexions qu’elle alimente depuis sa propre histoire — personnelle, relationnelle, sexuelle — et de l’importance qu’elle accorde à la lecture des Grands Récits. Cette recherche d’historicité, tirée autant de la philosophie occidentale que des traditions du Moyen-Orient, lui permet de traquer les origines des normes et des forces sociales qui agissent sur elle et ses représentations.

 

Toujours dans le travail de Syrine Daigneault, il y a cette volonté de scruter et de remettre en question sa propre conduite qu’elle analyse et évalue à la lumière de théories sociologiques ou de thèses philosophiques. Pour elle, la peinture est porteuse d’idées et ses tableaux sont directement influencés par les écrits qui résonnent en elle, qui l’habitent intensément. Son regard critique face à son vécu n’est pas marqué d’ironie. Il agit comme un moteur créatif lui permettant une meilleure compréhension de certains schémas relationnels. Néanmoins, une certaine indulgence en découle où l’humour arrive à se glisser. L’artiste va même jusqu’à se représenter sous forme d’un alter ego marionnette mimant des postures humaines à la limite du grotesque dans les tableaux Ce qui me recouvre et Autoportrait en costume traditionnel. La répétition du motif de ce dernier rappelle celui d’un tapis perse et, par ce tableau, on glisse vers ceux plus directement inspirés de l’iconographie des œuvres de l’Antiquité mésopotamienne.

 

Si l’artiste, dans plusieurs de ses tableaux, emprunte certains éléments directement à l’esthétique moyen-orientale, c’est pour les évoquer librement et ainsi représenter une force, une pulsion qui agit en elle, en nous tous et qui reste difficile à définir. Son héritage maternel syrien va à la rencontre de sa vision de la thèse schopenhauerienne stipulant que la Volonté n’est déterminée par aucun motif, qu’elle est une force puissante, aveugle, absurde et dépourvue de connaissance. Dans Genèse d’une tradition et Le génie de l’espèce, les protagonistes se retrouvent déroutés dans leurs désirs, ce qui rend leurs agissements loufoques et les laissent ébahis, tandis que dans Ishtar et Élise, la Volonté vient s’incarner, pour l’une comme pour l’autre, avec une force d’affirmation équivalente. Ishtar, la déesse mésopotamienne, est une figure complexe qui évoque autant la femme séductrice, charnelle et voluptueuse, qu’une divinité guerrière et virile tout en pouvant être adorée pour sa protection et sa joie de vivre. Élise, la créatrice, qui de ses mains fait naître des univers et qui, pour Syrine Daigneault, personnifie le ravissement, le surplus de vie, l’importance de la filiation féminine et, en fait, tout ce qui est emblématique chez la déesse.

 

Isabelle Guimond

 

Syrine Daigneault's pictorial exploration responds to a need to understand her representations and her lived experience. With Domains of Will, the artist's most recent exhibition, the act of painting allows her to materialize her reflections, which she feeds from her own history - personal, relational, sexual - and from the importance she gives to the reading of the Great Narratives. This search for historicity, drawn as much from Western philosophy as from Middle Eastern traditions, allows her to track down the origins of the norms and social forces that act on her and her representations.

 

In Syrine Daigneault's work, there is also a desire to examine and question her own conduct, which she analyzes and evaluates in light of sociological theories and philosophical theses. For her, painting is the bearer of ideas and her paintings are directly influenced by the writings that resonate within her, that inhabit her intensely. Her critical look at her life is not marked by irony. It acts as a creative engine allowing her to better understand certain relational patterns. Nevertheless, a certain indulgence follows from it where humor manages to slip in. The artist even goes so far as to represent herself in the form of a puppet alter ego mimicking human postures bordering on the grotesque in the paintings Ce qui me recouvre and Autoportrait en costume traditionnel. The repetition of the motif of the latter recalls that of a Persian carpet and, through this painting, we slide towards those more directly inspired by the iconography of the works of Mesopotamian antiquity.

 

If the artist, in several of her paintings, borrows certain elements directly from Middle Eastern aesthetics, it is to evoke them freely and thus represent a force, a drive that acts in her, in all of us, and which remains difficult to define. Her Syrian maternal heritage meets her vision of the Schopenhauerian thesis that the Will is not determined by any motive, that it is a powerful force, blind, absurd and devoid of knowledge. In Genèse d’une tradition and Le génie de l’espèce, the protagonists find themselves baffled in their desires, which makes their actions goofy and leaves them dumbfounded, while in Ishtar and Élise, the Will comes to be embodied, for both of them, with an equivalent strength of affirmation. Ishtar, the Mesopotamian goddess, is a complex figure who evokes the seductive, carnal and voluptuous woman, as well as a warrior and virile divinity, while being adored for her protection and her joie de vivre. Élise, the creator, who brings universes into being with her hands and who, for Syrine Daigneault, personifies delight, the surplus of life, the importance of female filiation and, in fact, everything that is emblematic of the goddess.

 

Isabelle Guimond

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